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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/93

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XL


Deronda était sorti de chez madame Meyrick dans un état d’esprit qui le faisait aspirer après un exercice corporel, afin de dissiper ce qu’il était tenté d’appeler « les fumées de son tempérament ». Il allait vers la cité, et la vue de Chelsea Stairs, avec les bateaux qui attendaient, le décidèrent à héler une embarcation. Il se saisit des avirons.

Son intention était d’aller jusqu’à la boutique de M. Ram, où, la veille, il était arrivé trop tard pour le moment de la faction de Mordecai et où on lui apprit qu’elle avait lieu invariablement de cinq à six. Il désirait tout particulièrement faire plus ample connaissance avec cet hôte remarquable des Cohen avant de retirer sa bague ; il comptait que l’entretien qu’il aurait avec lui ne finirait pas aussi brusquement et aussi vite que le dernier ; il y tenait d’autant plus que leur rencontre future n’aurait pas été facile.

Quand le bateau approcha du pont de Blackfriars, où Deronda voulait aborder, il était quatre heures et demie ; le jour tombait et colorait le ciel de pourpre et d’or, pendant que la rivière, comme dans un mouvement lumineux,