Aller au contenu

Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Naturellement, appuya Hans avec un peu d’ironie. Vous pouvez vous en rapporter à moi pour le goût d’un gentleman.

— Je ferai tout ce que M. Deronda voudra, dit gravement Mirah, en voyant que madame Meyrick la regardait.

Quant à Hans, pirouettant sur ses talons, il alla jusqu’à la table de Kate et regarda ses dessins, comme s’il avait besoin de donner une nouvelle direction à son intérêt.

— N’aimerais-tu pas à faire une étude sur la tête de Klesmer, Hans ? lui demanda Kate. Je suppose que tu l’as vu souvent ?

— Si je l’ai vu ? s’écria Hans ; et aussitôt, relevant la tête, il alla s’asseoir au piano, regarda autour de lui, comme s’il examinait son public et posa perpendiculairement les doigts sur le clavier. Mais immédiatement il se retourna, regarda Mirah, et lui dit presque timidement :

— Vous n’aimez peut-être pas cette imitation burlesque ? il faudra toujours me dire de m’arrêter quand vous n’approuverez pas mes bêtises.

Mirah avait souri en voyant cette preste contrefaçon ; elle souriait encore, mais on voyait que cela ne l’amusait pas. Elle dit :

— Merci : mais jamais vous n’avez rien fait que je n’aimasse pas. Je crois qu’il ne l’aurait pas pu, puisqu’il vous appartient, ajouta-t-elle en regardant madame Meyrick.

Les espérances de Hans se ranimèrent. Comment la rose pourrait-elle empêcher les abeilles de venir successivement lui prendre son odeur suave en signe d’attachement personnel ?