Aller au contenu

Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que je touchais comme vicaire. Mais tout cela, je le répète, dépend d’une condition. Il m’a ouvert son cœur, miss Garth, en me priant de plaider pour lui. Sa décision dépend absolument de vos sentiments.

Mary avait l’air si émue qu’il ajouta après un moment :

— Promenons-nous un peu ; et tout en se promenant, à parler franchement, reprit-il, Fred ne veut se décider pour aucune carrière qui diminuerait les chances qui lui restent de vous épouser ; mais, avec cette perspective, il fera de son mieux dans n’importe quelle voie que vous approuverez.

— Il m’est impossible de dire si je l’épouserai jamais, monsieur Farebrother. Mais, sûrement, je ne serai jamais sa femme s’il devient ministre. On ne saurait tenir un langage meilleur et plus généreux que le vôtre, je ne prétends pas une minute corriger votre opinion. Seulement, j’ai ma façon à moi, un peu jeune et critique, de considérer les choses, dit Mary, retrouvant une étincelle de son enjouement qui ne rendait sa modestie que plus charmante.

— Je désire pouvoir lui transmettre exactement ce que vous pensez, dit M. Farebrother.

— Je ne pourrais aimer un homme ridicule, dit Mary, ne tenant pas à entrer plus avant dans le sujet ; Fred a assez de savoir et de bon sens pour devenir, s’il le veut, un homme respectable dans quelque bonne carrière, en dehors de l’Église, mais je ne puis me le représenter prêchant, faisant des sermons, prononçant des bénédictions, priant auprès des malades, sans qu’il m’apparaisse avec quelque chose de grotesque. S’il devenait clergyman, ce ne serait que par amour du bon ton et je trouve qu’il n’y a rien de si méprisable qu’une sotte vanité de ce genre. C’est ce que je me disais toujours quand je voyais M. Crowse, avec sa figure vide et son parapluie correct, prononçant délicatement des petits discours affectés. Quel droit ont donc de tels hommes à