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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/110

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représenter le christianisme, comme si c’était une institution pour élever des idiots dans le bon ton, comme si…

Mary s’arrêta. Elle s’était laissée aller comme si elle s’adressait à Fred au lieu de parler à M. Farebrother.

— Les jeunes femmes sont sévères ; elle ne sentent pas la puissance de l’action comme les hommes, quoique je dusse peut-être faire une exception en votre faveur. Mais vous ne mettez pas Fred à un niveau aussi bas ?

— Non, certainement ; il a beaucoup de qualités ; mais, clergyman, il n’en aurait pas l’emploi. Ce serait un type d’hypocrisie professionnelle.

— Alors, votre réponse est tout à fait décisive ? Comme pasteur il n’a aucun espoir ?

Mary secoua la tête.

— Mais s’il bravait toutes les difficultés pour gagner sa vie de quelque autre manière, lui donnerez-vous le soutien de l’espoir ? Pourra-t-il compter vous obtenir ?

— Il n’est pas nécessaire, je trouve, de lui répéter une fois de plus ce que je lui ai dit déjà, répondit Mary comme un peu blessée. J’entends qu’il n’a nul besoin de poser ces questions, jusqu’à ce qu’il ait donné les preuves d’une sage et digne conduite, au lieu de dire qu’il en serait capable.

M. Farebrother garda le silence pendant une ou deux minutes, puis, tandis qu’ils s’arrêtaient à l’ombre d’un érable, au tournant d’une allée envahie par l’herbe, il reprit :

— Je comprends que vous résistiez à toute tentative pour vous lier par une promesse ; mais de deux choses l’une : ou votre sentiment pour Fred Vincy vous empêche de former tout autre attachement, et alors il peut compter que vous ne vous marierez pas jusqu’à ce qu’il ait mérité votre main, ou il n’en est rien et alors il ne faut plus lui donner le moindre encouragement. Pardonnez-moi, Mary ; c’est ainsi que je vous appelais autrefois, vous savez, quand vous étiez