Aller au contenu

Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demandiez, il vous sera d’autant plus facilement rendu que vous éviterez un ton de familiarité qui n’a pas existé dans nos rapports antérieurs, et que plus de vingt ans de séparation ne justifient pas davantage.

— Vous n’aimez pas qu’on vous appelle Nick ? Eh bien, je vous ai toujours appelé Nick dans mon cœur et, bien que perdu de vue, conservé cher dans mon souvenir. Par Jupiter ! mes sentiments pour vous ont mûri comme du bon vieux cognac. J’espère que vous en avez un peu, dans la maison, en ce moment. Josh a bien rempli ma gourde la dernière fois.

M. Bulstrode n’avait pas encore découvert que même l’amour du cognac était moins fort chez Raffles que le plaisir de tourmenter, et que chaque nouvelle réplique ne serait qu’une allusion désagréable. Mais il était clair, dans tous les cas, qu’une opposition plus longue serait inutile, et M. Bulstrode, en donnant ses ordres à la femme de charge pour le logement de son hôte, avait un air de quiétude résolue.

Il y avait de la satisfaction à penser que cette femme de charge avait également été au service de Rigg et pourrait accepter l’idée que M. Bulstrode ne recevait Raffles qu’à titre d’ami de son premier maître. Lorsque son visiteur se trouva assis dans le parloir, ayant de quoi boire et manger devant lui, et qu’il n’y eut plus de témoins dans la chambre, M. Bulstrode lui dit :

— Vos habitudes et les miennes sont si différentes, monsieur Raffles, que nous ne pouvons guère goûter la compagnie l’un de l’autre. Le plus sage, pour tous deux, sera donc de nous quitter le plus tôt possible. Puisque, dites-vous, vous désiriez me voir, vous aviez probablement quelque affaire à traiter avec moi. Mais, dans la circonstance, je vous inviterai à rester ici pour la nuit, et je reviendrai demain matin de bonne heure, — avant le déjeuner même,