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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/130

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tout faire à votre guise et il est bien certain que sir James se conforme à tout ce que tu désires.

— Je reviendrai souvent et je n’en verrai que mieux comment bébé prospère.

— Mais tu ne le verras jamais à l’heure où on le lave et c’est justement le meilleur moment de la journée. Célia était presque boudeuse ; elle trouvait très dur de la part de Dodo de quitter bébé, alors qu’elle aurait si bien pu rester.

— Chère Kitty, je reviendrai et je passerai la nuit tout exprès à Freshitt, dit Dorothée. Mais j’ai besoin d’être seule maintenant et tout à fait chez moi. Je désire me lier davantage avec les Farebrother et consulter M. Farebrother sur ce qu’il y a à faire à Middlemarch.

L’énergie naturelle de Dorothée avait cessé maintenant de faire place à une soumission acceptée. Désireuse de retourner à Lowick, elle ne se croyait pas tenue d’en dire ses raisons.

Mais tous ceux qui l’entouraient désapprouvaient ce projet. Sir James en était très peiné et proposait d’émigrer tous à Cheltenham pour quelques mois avec l’arche sainte, autrement dit le berceau.

Lady Chettam, la douairière, revenue dernièrement d’une visite chez sa fille à Londres, désirait au moins qu’on écrivît à mistress Vigo, et qu’on la priât d’accepter le poste de dame de compagnie auprès de mistress Casaubon : une jeune veuve comme Dorothée ne pouvait pas songer à vivre seule dans cette maison de Lowick ; mistress Vigo avait été lectrice et secrétaire auprès de personnes royales, et, sur le chapitre de l’instruction et des sentiments, Dorothée elle-même ne pouvait rien avoir à alléguer contre elle.

Mistress Cadwallader lui dit en particulier :

— Vous deviendrez certainement folle, toute seule dans cette maison, ma chère. Vous y aurez des visions. Ce n’est pas sans peine que nous parvenons tous à nous conserver