Aller au contenu

Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est le monde des gens huppés, ça n’est que ça. Mais vous êtes pour les gens huppés, vous, monsieur Garth !

— Que vous ayez mauvaise opinion de moi, Tim, il n’importe repartit Caleb, cela ne nous regarde en aucune manière. Les choses peuvent être mauvaises pour le pauvre, et elles le sont, mauvaises ; mais je voudrais empêcher ces braves gens que voilà d’empirer encore les choses pour eux. Les bêtes de somme peuvent avoir parfois une lourde charge, mais elles ne gagneront rien à la jeter dans l’ornière du chemin, si c’est justement leur fourrage qu’elles portent.

— Nous ne voulions que nous amuser un p’tit brin, dit Hiram qui commençait à voir les conséquences de leur conduite. Nous ne voulions pas autre chose.

— Eh bien, promettez-moi de ne plus vous en mêler, et je verrai à ce que personne ne porte plainte contre vous.

— Je ne m’en suis jamais mêlé, et je n’ai pas besoin de promettre, dit Timothée.

— Non, mais les autres. Allons, je suis, aujourd’hui, aussi chargé de besogne que vous, et je n’ai pas beaucoup de temps à perdre. Dites que vous resterez tranquilles sans l’intervention du constable.

— Oui-da, nous ne nous en mêlerons plus, ils feront de nous ce qu’ils voudront !

Caleb, sur cette expression de leurs promesses, se hâta d’aller trouver Fred qui l’avait suivi de loin.

Ils revinrent au travail et Fred y aida vigoureusement. Son humeur s’était éclaircie, et il s’amusa de tout son cœur d’une bonne glissade sur l’herbe humide, sous la haie, dont son irréprochable pantalon d’été sortit un peu sali. Étaient-ce ses brillants exploits qui l’avaient exalté, ou la satisfaction d’assister le père de Mary. Non, c’était quelque chose de plus. Les incidents de la matinée avaient aidé son imagination déroutée à lui découvrir une profession qui présentait plus d’un attrait. Je ne suis pas sûr que certaines