Aller au contenu

Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vail et dans le désir de le bien faire, et ne pas dire toujours : « Il y a ceci et il y a cela, si j’avais telle chose à faire, je saurais m’en tirer. Quel que soit un homme, je ne donnerais pas deux pence de lui (ici la bouche de Caleb prit une expression amère, et il fit claquer ses doigts), — qu’il fût premier ministre ou couvreur en chaume, s’il ne faisait pas bien ce qu’il a entrepris de faire.

— Il me serait impossible de m’y sentir apte, si j’étais clergyman, dit Fred, voulant entrer dans le raisonnement.

— Alors laissez cela de côté, mon garçon, sans quoi vous ne serez jamais heureux. Ou, si vous êtes heureux, c’est que vous serez un pauvre sire.

— C’est à peu près ce qu’en pense Mary, dit Fred en rougissant. Je suppose que vous connaissez mes sentiments pour Mary, monsieur Garth ; cela ne vous mécontente pas, j’espère, de savoir que je l’ai toujours aimée mieux que personne au monde, et que je n’aimerai jamais personne comme je l’aime.

L’expression du visage de Caleb s’adoucissait visiblement, pendant que Fred parlait. Mais il secoua la tête avec une lenteur solennelle et dit :

— Cela rend les choses plus sérieuses, Fred, si vous avez l’intention de vous charger du bonheur de Mary.

— Je le sais, monsieur Garth, répliqua Fred vivement, et je ferais tout pour elle. Elle dit qu’elle ne voudra jamais de moi, si j’entre dans l’Église, et je serai le plus malheureux diable de la terre, si je perds tout espoir d’avoir Mary. Réellement, si je pouvais une quelque autre profession, les affaires, ou n’importe quoi dont je serais capable, je travaillerais de toutes mes forces, je mériterais votre estime. J’aimerais à m’occuper des choses du dehors. Je m’entends déjà assez bien aux terres et au bétail. Je m’étais habitué à l’idée, vous allez me trouver là assez absurde, que j’aurais