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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/162

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— Caleb ! proféra mistress Garth d’une voix de contralto profonde, exprimant un étonnement résigné.

— C’est une belle chose à faire, dit M. Garth, s’appuyant fermement contre le dossier de son fauteuil et en saisissant les bras. J’aurai de la peine avec lui, mais je crois que j’arriverai. Ce garçon aime Mary, et un véritable amour pour une bonne femme est une grande chose, Suzanne. Cela façonne plus d’un grossier compagnon.

— Mary vous en a-t-elle dit quelque chose ? demanda mistress Garth, secrètement un peu blessée de n’avoir pas informée elle-même.

— Pas un mot. Je l’ai une fois questionnée au sujet de Fred ; je lui ai donné un léger avertissement. Elle m’a assuré qu’elle n’épouserait jamais un homme paresseux et qui craindrait sa peine, — elle ne m’a rien dit depuis. Mais il paraît que Fred a prié M. Farebrother de lui parler, parce qu’elle lui avait défendu de le faire lui-même, et M. Farebrother a découvert qu’elle aimait Fred, mais qu’elle ne voulait pas qu’il fût pasteur. Le cœur de Fred est fixé à Mary, je le vois bien : cela me donne bonne opinion de ce garçon, et nous l’avons toujours aimé, Suzanne.

— C’est dommage pour Mary, je trouve ! dit mistress Garth.

— Pourquoi, dommage ?

— Parce que, Caleb, elle aurait pu avoir un homme qui vaut bien vingt Fred Vincy.

— Ah ! fit Caleb avec surprise.

— Je crois fermement que M. Farebrother lui est attaché, et qu’il voulait la demander en mariage ; mais, évidemment, maintenant que Fred s’est servi de lui comme intermédiaire, cette heureuse perspective a pris fin.

Il y avait une précision sévère dans le langage de mistress Garth. Elle était vexée et déçue, résolue à s’abstenir de toutes paroles inutiles. Caleb garda le silence pendant quelques