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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/219

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pour se séparer de ses parents. Mais si les amis de Dorothée avaient connu cette histoire, si les Chettam l’apprenaient ! Comme ils seraient forts de leurs soupçons et quel motif bien venu pour eux de le trouver indigne de s’approcher de Dorothée ! Mais, quels que fussent leurs injustes soupçons, il faudrait bien qu’ils finissent par reconnaître que le sang qui coulait dans ses veines était aussi pur de toute bassesse que le leur.



CHAPITRE VIII


Ce même soir, M. Bulstrode, rentrant d’un voyage d’affaires, trouva sa dévouée compagne au-devant de lui dans le vestibule d’entrée ; elle l’attira dans son cabinet particulier.

— Nicolas, dit-elle en fixant sur lui d’un air anxieux ses yeux honnêtes, il est venu ici tantôt un homme bien déplaisant qui demandait à vous voir ; je m’en sens encore toute mal à l’aise.

— Quel genre d’homme, ma chère ? demanda M. Bulstrode, avec la certitude affreuse de ce que serait la réponse.

— Un homme à figure rouge, avec de grands favoris, et des plus impudents dans ses manières. Il s’est présenté comme un vieil ami à vous, disant que vous seriez fâché de ne pas le voir. Il voulait vous attendre ici, mais je lui ai dit qu’il pourrait aller vous trouver demain matin à la banque. Oh ! quel impudent personnage ! Il m’a dévisagée, ajoutant que son ami Nick avait eu de la chance avec ses femmes. Je ne sais le temps qu’il serait demeuré, si Blucher n’avait par hasard brisé sa chaîne et n’était accouru, car j’étais au