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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/368

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phrase comme si la respiration lui manquait. Il dit, en se tournant d’abord vers M. Thesiger, puis regardant M. Hawley :

— Je proteste devant vous, monsieur, en votre qualité de ministre chrétien, contre les menées qu’une haine virulente a dictées contre moi. Ceux qui me sont hostiles sont heureux d’ajouter foi à toutes les injures dont une langue venimeuse vient de me couvrir. Et leurs consciences deviennent sévères à mon égard. Osez dire que la calomnie dont on veut me rendre victime m’accuse d’actions illicites… — Ici la voix de Bulstrode s’éleva et prit un accent plus amer, pour ne plus sembler bientôt qu’un faible cri. — Qui sera mon accusateur ? Ce ne seront pas les hommes dont la vie non seulement n’est pas chrétienne, mais scandaleuse, ce ne seront pas les hommes qui se servent eux-mêmes des plus vils instruments pour arriver à leur but, dont la profession est un tissu de chicaneries, qui ont dépensé leur revenu à satisfaire leurs grossières jouissances, tandis que j’ai consacré le mien à l’avancement des œuvres utiles, en vue de cette vie et de l’autre.

Après le mot : chicanerie, il s’éleva dans la salle un bruit croissant de murmures et de sifflets, tandis que quatre personnes se levaient à la fois : M. Hawley, M. Toller, M. Chichely et M. Hackbutt, mais l’explosion instantanée de M. Hawley imposa le silence aux autres.

— Si c’est de moi que vous parlez, monsieur, je vous convoque, vous et les vôtres, à faire l’examen de ma vie professionnelle ; quant à chrétien ou pas chrétien, je répudie votre christianisme fait de blague et de cafardise ; et quant à la façon dont je dépense mon revenu, il n’est pas dans mes principes de venir en aide à des drôles et de dépouiller des enfants de leur héritage, afin de soutenir la religion et de m’ériger en saint Rabat-Joie. Je n’affecte aucune rigidité de conscience. Je n’ai pas trouvé jusqu’ici qu’il y eût