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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/396

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petite coiffure plate sous un tout simple bonnet qui la fit ressembler en un instant à une méthodiste primitive.

Bulstrode, qui savait que sa femme était sortie et qu’en rentrant elle avait dit n’être pas bien, avait passé ce temps dans une agitation égale à la sienne. Il avait prévu qu’elle apprendrait la vérité par d’autres, et s’était accommodé de cette probabilité, comme d’une chose plus facile à supporter pour lui qu’une confession. Mais, maintenant qu’il croyait le moment venu où elle savait tout, il en attendait les suites avec angoisse. Ses filles avaient dû consentir à le laisser seul, et bien qu’il se fût laissé apporter un peu de nourriture, il n’y avait pas touché. Il se sentait lentement périr dans une misère que nul ne plaindrait. Peut-être ne reverrait-il jamais sur le visage de sa femme une trace d’affection. Et s’il se tournait vers Dieu, il lui semblait n’y trouver d’autre réponse que la pression du châtiment.

Huit heures venaient de sonner lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit et que sa femme entra. Il n’osa pas la regarder. Il resta assis, les yeux baissés, et comme elle marchait à lui, il lui fit l’effet d’être plus petit, tant il paraissait desséché et réduit. Un nouveau mouvement de compassion et de tendresse l’envahit, semblable à une grande vague, et, posant une main sur celle de son mari qui reposait sur le bras du fauteuil, et l’autre sur son épaule, elle lui dit, avec une tendre gravité :

— Levez les yeux, Nicolas.

Il leva les yeux avec un léger tressaillement et la regarda, à demi étonné, pendant un instant : sa figure pâle, le changement produit par sa robe de deuil, le tremblement de sa bouche, tout disait : « Je sais ; » et ses mains et ses yeux reposaient doucement sur lui. Il éclata en sanglots et ils pleurèrent ensemble, elle assise à son côté. Ils ne pouvaient encore se parler de la honte qu’elle allait partager avec lui, ou des actes qui leur avaient attiré cette honte. Sa confession, à lui,