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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/420

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de mille livres et résolut de se charger elle-même de la lettre le lendemain en allant voir Rosemonde.



CHAPITRE VI


Lydgate devait le lendemain aller à Brassing et il prévint Rosemonde qu’il serait absent jusqu’au soir. Elle n’était depuis ces derniers temps sortie de la maison et du jardin que pour aller à l’église et une fois chez son père. « Si Tertius s’en va, lui avait-elle demandé, vous nous aiderez pour le déménagement, n’est-ce pas, papa ? Nous aurons, je crois, très peu d’argent. Je compte et j’espère qu’on nous aidera. » Et M. Vincy avait répondu : « Oui, mon enfant, je ne regarderai pas à une ou deux centaines de livres ; je puis aller jusque-là. » En dehors de cette demande, Rosemonde, mélancolique et languissante, était restée chez elle, attendant ; elle s’attachait à l’arrivée de Will Ladislaw comme au seul point d’intérêt et d’espoir dans sa vie. Elle associait à cette circonstance quelque nouveau moyen de décider Lydgate à prendre ses dispositions pour quitter promptement Middlemarch, et sans voir aucunement de quelle manière, elle finit par se persuader à elle-même que cette arrivée serait pour eux une puissante raison de hâter leur départ pour Londres.

Tel était le cours des idées qui occupaient la pauvre Rosemonde, tandis qu’elle rangeait tous les objets autour d’elle avec le même soin qu’auparavant, seulement avec plus de lenteur, s’asseyant au piano avec l’intention de jouer, puis changeant d’idée et s’attardant sur le tabouret, ses doigts blancs suspendus à l’extrémité des touches, regardant devant elle dans un ennui rêveur. Sa mélancolie était devenue si visible que Lydgate éprouvait devant elle une étrange timi-