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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/47

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le tapis, contemplant distraitement la tringle du rideau et fredonnant tout bas les premières notes de : La première fois que j’ai vu ton visage, tandis que l’épagneul de la maison, également étendu dans un coin, regardait entre ses pattes l’usurpateur du tapis d’un œil mécontent.

Rosemonde, ayant apporté à Lydgate sa tasse de thé, celui-ci déposa le journal et dit à Will qui s’était levé et rapproché de la table :

— Vous avez beau présenter Brooke comme un propriétaire réformateur, Ladislaw, on ne lui en perce que d’autant plus de trous dans ses habits, à la Trompette.

— N’importe ; ceux qui lisent le Pionnier ne lisent pas la Trompette, dit Will en avalant son thé et en se promenant dans la chambre. Croyez-vous que le public lise cela avec l’idée de se convertir ?

— Farebrother ne croit pas que Brooke serait élu, si l’occasion s’en présentait ; les hommes mêmes qui font profession d’être pour lui tireraient du sac un autre membre au moment propice.

— Il n’y a pas de mal à essayer. C’est très bon d’avoir des membres résidents.

— Pourquoi ? dit Lydgate, qui était coutumier de cette interrogation brève et parfois embarrassante.

— Ils représentent mieux la stupidité locale, dit Will en riant et en secouant sa chevelure, et ils sont forcés de veiller sur leur conduite dans le pays. Brooke n’est pas un mauvais homme ; mais les quelques bonnes choses qu’il a faites sur ses terres, il ne les eût jamais faites, si cette mouche parlementaire ne l’avait piqué.

— Il n’est pas taillé en homme public, dit Lydgate avec une fermeté dédaigneuse. Ce serait une déception que de compter sur lui. Je vois bien cela à l’hôpital. Seulement Bulstrode est là, qui tient les rênes et qui le dirige.

— Cela dépend où vous placez votre type d’homme