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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/48

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public, dit Will. En cette occasion il suffit parfaitement ; quand les gens se sont monté la tête comme ils le font à présent, ils n’ont pas besoin d’un homme, ils n’ont besoin que d’un vote.

— C’est votre manière à vous autres, écrivains politiques, vous prônez une mesure comme si c’était un remède universel, et puis vous prônez des hommes qui font partie de la maladie même qui a besoin de ce remède.

— Pourquoi pas ? Les hommes peuvent contribuer, à force de remèdes, à se faire disparaître, sans le savoir, de la surface de la terre, dit Will qui savait improviser des raisons quand il n’avait pas réfléchi d’avance à une question.

— Ce n’est pas une excuse pour encourager l’exagération superstitieuse d’espérances fondées sur cette mesure particulière, pour aider le cri public à l’avaler en entier et pour envoyer voter des perroquets qui ne sont bons qu’à porter leur vote. Vous faites la guerre à la « pourriture » et il n’y a rien de plus complètement pourri que de faire croire aux gens qu’il suffit d’un tour de passe-passe politique pour guérir la société.

— Tout cela est bel et bon, mon cher ami. Mais il faut bien commencer par un bout, et soyez bien persuadé qu’on ne pourra jamais réformer quantité de choses humiliantes pour la nation, si l’on ne commence par cette réforme spéciale. En attendant mieux, je suis pour l’homme qui soutient les droits des gens, et non pour l’homme vertueux qui soutient et favorise les torts. La question est de savoir si nous ne devons rien essayer avant d’avoir trouvé des hommes immaculés pour travailler avec nous. Est-ce ainsi que vous agiriez ? Prenez un homme qui veuille vous apporter une réforme médicale, et un autre qui la combatte ; vous demanderez-vous lequel a les meilleurs mobiles ou la meilleure cervelle ?

— Oh ! sans doute, dit Lydgate, si on ne travaillait pas