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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/504

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immédiatement du soulagement qu’il éprouvait à n’avoir plus besoin de rien faire de particulier à cet égard.

Les sentiments et le désir de Célia devaient amener sir James à une réconciliation avec Dorothée et son mari. Là où les femmes s’aiment, les hommes apprennent à étouffer leur antipathie mutuelle. Sir James n’aima jamais Ladislaw et Ladislaw préféra toujours se trouver avec sir James autrement que dans le tête-à-tête. Ils étaient sur un pied de tolérance réciproque qui ne les mettait vraiment à l’aise que lorsque Dorothée et Célia étaient là.

Ce fut dorénavant chose entendue que M. et mistress Ladislaw feraient au moins deux visites par an à la Grange, et peu à peu une petite bande de cousins vint de Freshitt jouer avec les deux cousins en visite à Tipton, aussi bien que si le sang de ces deux derniers eût été absolument irréprochable.

M. Brooke parvint à une longue vieillesse, et son domaine passa en héritage au fils de Dorothée, qui, l’âge venu, aurait pu représenter Middlemarch au Parlement, mais qui en déclina l’offre, pensant que ses opinions auraient moins de chance d’être étouffées, s’il n’y entrait pas.

Sir James ne cessa jamais de considérer le second mariage de Dorothée comme une erreur ; et le fait est que cette opinion resta la tradition commune à Middlemarch. Dorothée y fut représentée à une plus jeune génération comme une belle jeune fille qui avait épousé d’abord un clergyman malade, assez vieux pour être son père, et qui, un an à peine après sa mort, renonça à ses biens pour épouser un cousin sans fortune et sans naissance, assez jeune pour être le fils de son premier mari. Ceux qui n’avaient pas connu Dorothée faisaient observer qu’elle n’avait pas dû être la charmante femme que l’on disait, sans quoi elle n’aurait épousé ni l’un ni l’autre.

Certainement ces actes décisifs de sa vie ne furent pas idéalement beaux. Ils furent le résultat complexe d’une jeune