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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/77

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— Allons, ne vous préoccupez pas de ces choses-là, ma chère… Peu à peu, vous savez…

— Je me sens maintenant tout à fait bien, mon oncle, et je voudrais faire quelque chose.

— C’est bien, c’est bien, nous verrons. Mais il faut que je me sauve, j’ai du travail par-dessus la tête ; c’est une crise, une crise politique. Et voici Célia et son petit homme. Vous voilà tante maintenant, vous savez, et moi je suis une espèce de grand-père, dit M. Brooke, se hâtant paisiblement, désireux de s’échapper et d’avertir Chettam que ce ne serait pas de sa faute à lui, si Dorothée insistait pour tout examiner elle-même.

Dorothée retomba au fond de sa chaise, et ses yeux pensifs s’abaissèrent sur ses mains croisées.

— Regarde, Dodo regarde-le ! As-tu jamais rien vu de pareil ? dit Célia de son petit ton net et confortable.

— Quoi donc, Kitty ? dit Dorothée en levant les yeux d’un air distrait.

— Quoi ? Mais sa lèvre supérieure ! Vois comme il l’abaisse, comme s’il voulait faire une grimace. N’est-ce pas étonnant ? Il a certainement ses petites pensées. Je voudrais que la nourrice fût là ! Regarde-le !

Une grosse larme, qui s’était amassée peu à peu dans l’œil de Dorothée, roula le long de sa joue, tandis qu’elle levait les yeux et tâchait de sourire.

— Ne sois pas triste, Dodo, embrasse bébé. Qu’est-ce que tu médites ainsi ? Je suis bien convaincue que tu as tout fait et même beaucoup trop. Tu devrais être heureuse à présent.

— Je me demande si sir James ne voudrait pas me conduire à Lowick, pour y tout examiner et voir s’il n’a rien laissé d’écrit pour moi.

— Tu ne dois pas y aller, tant que M. Lydgate ne te l’a pas permis, et il ne te l’a pas permis encore. Ah ! vous