Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
189
POT-BOUILLE

-vous n’était pas le monsieur de la lettre. Dans l’assistance, on continuait à surveiller chacun de ses gestes ; toute l’église, avec ses défilés de prêtres, son latin, sa musique, son encens, commentait passionnément l’aventure. Lorsque l’abbé Mauduit, après le Pater, descendit pour donner une dernière bénédiction aux époux, il interrogea d’un regard le trouble profond des fidèles, les visages excités des femmes, les rires sournois des hommes, sous la grande lumière gaie des fenêtres, au milieu de la richesse cossue de la nef et des chapelles.

— N’avouez rien, dit madame Josserand à Valérie, comme la famille se dirigeait vers la sacristie, après la messe.

Dans la sacristie, les mariés et les témoins donnèrent d’abord des signatures. Pourtant, il fallut attendre Campardon, qui venait d’emmener les dames visiter les travaux du Calvaire, au fond du chœur, derrière une clôture en planches. Il arriva enfin, s’excusa, couvrit le registre d’un large paraphe. L’abbé Mauduit, pour honorer les deux familles, avait tenu à passer la plume, en désignant du doigt la place où l’on devait signer ; et il souriait de son air d’aimable tolérance mondaine, au milieu de la pièce grave, dont les boiseries gardaient une continuelle odeur d’encens.

— Eh bien ! mademoiselle, demanda Campardon à Hortense, cela ne vous donne donc pas envie d’en faire autant ?

Puis, il regretta son manque de tact. Hortense, qui était l’aînée, avait pincé les lèvres. Cependant, elle comptait avoir le soir même, au bal, une réponse décisive de Verdier, qu’elle pressait de choisir entre elle et sa créature. Aussi répondit-elle d’une voix rêche :

— J’ai le temps… Quand je voudrai.

Et elle tourna le dos à l’architecte, elle tomba sur