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POT-BOUILLE

Gasparine s’installait dans la maison, avec une autorité de plus en plus large. Elle était revenue d’abord chaque soir ; puis, on l’avait vue pendant le déjeuner ; et, malgré son travail au magasin, elle commençait à se charger de tout, de l’éducation d’Angèle et des provisions du ménage. Rose répétait sans cesse devant Campardon :

— Ah ! si Gasparine logeait avec nous !

Mais, chaque fois, l’architecte s’écriait, rougissant de scrupule, tourmenté d’une honte :

— Non, non, ça ne se peut pas… D’ailleurs, où la coucherais-tu ?

Et il expliquait qu’il faudrait donner à la cousine son cabinet comme chambre, tandis que lui transporterait sa table et ses plans dans le salon. Certes, ça ne l’aurait aucunement gêné ; il se déciderait peut-être un jour à faire ce déménagement, car il n’avait pas besoin d’un salon, et il finissait par être trop à l’étroit, pour le travail qui lui arrivait de tous côtés. Seulement, Gasparine pouvait rester chez elle. À quoi bon se mettre en tas ?

— Quand on est bien, répétait-il à Octave, on a tort de vouloir être mieux.

Vers ce temps-là, il fut obligé d’aller à Évreux passer deux jours. Les travaux de l’archevêché l’inquiétaient. Il avait cédé à un désir de monseigneur, sans qu’il y eût de crédit ouvert, et la construction du fourneau des nouvelles cuisines et du calorifère menaçait d’atteindre un chiffre très élevé, qu’il lui serait impossible de porter aux frais d’entretien. D’autre part, la chaire, pour laquelle on avait accordé trois mille francs, monterait à dix mille au moins. Il désirait s’entendre avec monseigneur, afin de prendre certaines précautions.

Rose l’attendait seulement le dimanche soir. Il tomba