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POt-BOUILLE

Duveyrier se retourna, étonné de cette voix qui sortait du plancher ; et, quand il l’aperçut fumant tout ce qu’il restait de Clarisse, soufflant de gros nuages de fumée, où il croyait voir passer les vingt-cinq mille francs de meubles, il eut un geste de colère, il répondit :

— Non, elle est indigne de moi… Il faut qu’elle me demande pardon à genoux.

— Tiens ! la voilà qui revient ! dit Gueulin en prêtant l’oreille.

En effet, quelqu’un marchait dans l’antichambre, une voix disait : « Eh bien ? qu’est-ce donc ? ils sont tous morts ! » Et ce fut Octave qui entra. Il était ahuri de ces pièces vides, de ces portes ouvertes. Mais sa stupéfaction grandit encore, lorsqu’il vit, au milieu du salon nu, les quatre hommes, un à terre, trois debout, éclairés seulement par la maigre bougie, que le conseiller tenait comme un cierge. On le mit au courant d’un mot.

— Pas possible ! cria-t-il.

— On ne vous a donc rien dit, en bas ? demanda Gueulin.

— Mais non, le concierge m’a tranquillement regardé monter… Tiens ! elle a filé ! Ça ne m’étonne pas. Elle avait des yeux et des cheveux si drôles !

Il demanda des détails, causa un instant, oubliant la triste nouvelle qu’il apportait. Puis, brusquement, il se tourna vers Duveyrier.

— À propos, c’est votre femme qui m’envoie vous prendre… Votre beau-père se meurt.

— Ah ! dit simplement le conseiller.

— Le père Vabre ! murmura Bachelard. Je m’y attendais.

— Bah ! quand on est au bout de son rouleau ! fit remarquer philosophiquement Gueulin.

— Oui, il vaut mieux s’en aller, ajouta Trublot, en