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LES ROUGON-MACQUART

— J’ai fini vos livres, monsieur Mouret… Veuillez les reprendre, n’est-ce pas ?

Il descendait vivement, inquiet, se souvenant d’avoir promis à madame Duveyrier de lui envoyer Berthe avant toute indiscrétion, lorsque, au troisième, il tomba sur Campardon, qui sortait.

— Eh bien ! dit ce dernier, votre patron hérite. Je me suis laissé conter que le vieux a près de six cent mille francs, plus cet immeuble… Dame ! il ne dépensait rien chez les Duveyrier, et il lui restait pas mal sur son magot de Versailles, sans compter les vingt et quelques mille francs des loyers de la maison… Hein ? un fameux gâteau à se partager, quand on est trois seulement !

Tout en causant ainsi, il continuait de descendre, derrière Octave. Mais, au second, ils rencontrèrent madame Juzeur, qui revenait de voir ce que sa petite bonne Louise, pouvait bien faire le matin, à perdre plus d’une heure pour rapporter quatre sous de lait. Elle entra naturellement dans la conversation, très au courant.

— On ne sait pas comment il a réglé ses affaires, murmura-t-elle de son air doux. Il y aura peut-être des histoires.

— Ah bien ! dit gaiement l’architecte, je voudrais être à leur place. Ça ne traînerait pas… On fait trois parts égales, chacun prend la sienne, et bonjour bonsoir !

Madame Juzeur se pencha, leva la tête, s’assura de la solitude de l’escalier. Enfin, baissant la voix :

— Et s’ils ne trouvaient pas ce qu’ils attendent ?… Des bruits circulent.

L’architecte écarquillait les yeux. Puis, il haussa les épaules. Allons donc ! des fables ! Le père Vabre était un vieil avare qui mettait ses économies dans des bas