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POT-BOUILLE

domestiques, réunis à la porte de l’antichambre. On ne dérange pas le bon Dieu pour rien… Vous verrez qu’il reviendra dans la maison, avant un an.

Les obsèques de M. Vabre eurent lieu seulement le surlendemain. Duveyrier avait quand même ajouté aux lettres de faire-part les mots : « muni des sacrements de l’Église ». Comme le magasin était fermé, Octave se trouvait libre. Ce congé le ravissait, car depuis longtemps il désirait ranger sa chambre, changer des meubles de place, mettre ses quelques livres dans une petite bibliothèque, achetée d’occasion. Il s’était levé plus tôt que de coutume, il achevait son rangement vers huit heures, le matin du convoi, lorsque Marie frappa. Elle lui rapportait un paquet de livres.

— Puisque vous ne venez pas les chercher, dit-elle, il faut bien que je me donne la peine de vous les rendre.

Mais elle refusa d’entrer, rougissant, choquée à l’idée d’être chez un jeune homme. Leurs relations, d’ailleurs, avaient complètement cessé, d’une façon toute naturelle, parce qu’il n’était plus retourné la prendre. Et elle restait aussi tendre avec lui, le saluait toujours d’un sourire, quand elle le rencontrait.

Octave était très gai, ce matin-là. Il voulut la taquiner.

— Alors, c’est Jules qui vous défend d’entrer chez moi ? répétait-il. Comment êtes-vous avec Jules, maintenant ? Est-il aimable ? oui, vous m’entendez bien ? Répondez donc !

Elle riait, elle ne se scandalisait pas.

— Pardi ! quand vous l’emmenez, vous lui payez du vermouth en lui racontant des choses qui le font rentrer comme un fou… Oh ! il est trop aimable. Vous savez, je n’en demande pas tant. Mais j’aime mieux que ça se passe chez moi qu’autre part, bien sûr.