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LES ROUGON-MACQUART

Puis, il se souvint que M. Vabre était mort.

— Oui, vous pouvez regarder, c’est le propriétaire qui est mort justement, et s’il était parti huit jours plus tôt, vous ne seriez pas ici, bien sûr !… Allons, dépêchez-vous, avant qu’on le descende !

Et, dans son exaspération, il poussa lui-même la voiture, il l’engouffra sous les tentures qui s’écartèrent, puis qui se rejoignirent lentement. La grande fille pâle disparut dans tout ce noir.

— En voilà une qui tombe bien ! fit remarquer Lisa. Comme c’est gai, d’emménager dans un enterrement !… Moi, à sa place, je vous aurais ramassé le pipelet !

Mais elle se tut, lorsqu’elle vit reparaître M. Gourd, qui était la terreur des bonnes. La mauvaise humeur de celui-ci venait de ce que la maison allait, disaient des personnes, échoir en partage à monsieur Théophile et à sa dame. Lui, aurait donné cent francs de sa poche, pour avoir comme propriétaire M. Duveyrier, un magistrat au moins. C’était ce qu’il expliquait au papetier. Cependant, du monde sortait. Madame Juzeur passa, en adressant un sourire à Octave, qui avait trouvé Trublot sur le trottoir. Puis, Marie parut ; et elle, très intéressée, resta à regarder mettre les tréteaux, sur lesquels on devait poser la bière.

— Ces gens du second sont étonnants, disait M. Gourd, les yeux levés sur les persiennes fermées du deuxième étage. On croirait qu’ils s’arrangent pour éviter de faire comme nous autres… Oui, ils sont partis en voyage, il y a trois jours.

À ce moment, Lisa se cacha derrière la veuve, en apercevant la cousine Gasparine, qui apportait une couronne de violettes, une attention de l’architecte, désireux de conserver ses bons rapports avec les Duveyrier.