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XIII


Depuis quelque temps, M. Gourd rôdait d’un air de mystère et d’inquiétude. On le rencontrait filant sans bruit, l’œil ouvert, l’oreille tendue, montant sans cesse les deux escaliers, où des locataires l’avaient même aperçu faisant des rondes de nuit. Certainement, la moralité de la maison le préoccupait ; il y sentait comme un souffle de choses déshonnêtes qui troublait la nudité froide de la cour, la paix recueillie du vestibule, les belles vertus domestiques des étages.

Un soir, Octave avait trouvé le concierge sans lumière, immobile au fond de son couloir, collé contre la porte qui donnait sur l’escalier de service. Surpris, il l’interrogea.

— Je veux me rendre compte, monsieur Mouret, répondit simplement M. Gourd, en se décidant à aller se coucher.

Le jeune homme resta très effrayé. Est-ce que le concierge soupçonnait ses rapports avec Berthe ? Il les guettait peut-être. Leur liaison rencontrait de continuels obstacles, dans cette maison surveillée, et dont les locataires professaient les principes les plus rigides. Aussi ne pouvait-il approcher sa maîtresse que rare-