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POt-BOUILLE

-bas, mais elles ne se portaient pas trop mal. Puis, sautant à un autre sujet :

— Avez-vous entendu, cette nuit, l’autre qui se tortillait, avec son mal au ventre ?… Était-ce agaçant ! Heureusement qu’elle part. J’avais envie de lui crier : « Pousse donc et que ça finisse ! »

— Le fait est que monsieur Hippolyte a raison, reprit Lisa. Rien ne vous porte sur les nerfs, comme une femme qui a toujours des coliques… Dieu merci ! je ne sais pas ce que c’est, mais il me semble que je tâcherais de ravaler ça, pour laisser les gens dormir.

Alors, Victoire, voulant rire, retomba sur Adèle.

— Dis donc, l’enflée, là-haut !… Lorsque t’es accouchée de ton premier, c’est-il par-devant ou par-derrière que tu l’as fait ?

Toutes les cuisines se tordirent, dans un accès de gaieté canaille, pendant qu’Adèle, effarée, répondait :

— Un enfant, ah bien ! non, faut pas qu’il en vienne ! C’est défendu d’abord, et puis quand on ne veut pas !

— Ma fille, dit Lisa d’un ton grave, les enfants viennent à tout le monde… Ce n’est pas ton bon Dieu qui te fera autrement que les autres.

Et l’on parla de madame Campardon, qui elle, au moins, n’avait plus rien à craindre : c’était la seule chose agréable dans son état. Ensuite, toutes les dames de la maison y passèrent, madame Juzeur qui prenait ses précautions, madame Duveyrier que son mari dégoûtait, madame Valérie qui allait chercher ses enfants au dehors, parce que le sien, de mari, n’était pas seulement capable de lui en faire la queue d’un. Et les éclats de rire montaient par bouffées du boyau noir.

Berthe avait encore pâli. Elle attendait, n’osant plus même sortir, les yeux à terre, confus, et comme violentée devant Octave. Lui, exaspéré contre les bonnes, sentait qu’elles devenaient trop sales et qu’il