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LES ROUGON-MACQUART

sortait d’un confessionnal, la salua d’un paternel sourire.

Octave avait traversé simplement l’église. Quand il rentra chez lui, toute la maison fut remuée. Trublot seul, qui rêvait dans le fiacre, ne le vit pas. Des fournisseurs, sur leurs portes, le regardèrent gravement. Le papetier, en face, promenait encore les yeux le long de la façade, comme pour en fouiller les pierres ; mais le charbonnier et la fruitière étaient déjà calmés, le quartier retombait à sa dignité froide. Sous la porte, au passage d’Octave, Lisa, en train de bavarder avec Adèle, dut se contenter de le dévisager ; et toutes deux se remirent à se plaindre de la cherté de la volaille, sous l’œil sévère de M. Gourd, qui salua le jeune homme. Enfin, celui-ci montait, lorsque madame Juzeur, aux aguets depuis le matin, entr’ouvrit sa porte, lui saisit les mains, l’attira dans son antichambre, où elle le baisa sur le front, en murmurant :

— Pauvre enfant !… Allez, je ne vous retiens pas. Revenez causer, quand tout sera fini.

Et il était à peine rentré, que Duveyrier et Bachelard se présentèrent. D’abord, stupéfait de voir l’oncle, il voulut leur donner les noms de deux de ses amis. Mais ces messieurs, sans répondre, parlèrent de leur âge et lui firent un sermon sur son inconduite. Puis, comme, au courant de la conversation, il annonçait son intention de quitter la maison au plus tôt, tous deux déclarèrent solennellement que cette preuve de tact leur suffisait. Il y avait eu assez de scandale, il était temps de faire aux honnêtes gens le sacrifice de ses passions. Duveyrier accepta le congé séance tenante et se retira, tandis que Bachelard, derrière son dos, invitait le jeune homme à dîner pour le soir.

— Hein ? je compte sur vous. Nous sommes en noce, Trublot nous attend en bas… Moi, je me fiche d’É-