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POT-BOUILLE

le quartier ne connût l’histoire du suicide, le soir même. On verrait plus tard.

— N’est-ce pas ? le repos le plus absolu, recommanda le docteur qui sortait de la chambre. Ça se remettra parfaitement, mais qu’on lui évite toute fatigue… Ayez bon courage, madame.

Et, se tournant vers le prêtre :

— Vous le sermonnerez, plus tard, mon cher abbé. Je ne vous l’abandonne pas encore… Si vous retournez à Saint-Roch, je vous accompagne, nous ferons route ensemble.

Tous deux descendirent.

Cependant, la maison retrouvait son grand calme. Madame Juzeur s’était attardée au cimetière, tâchant de séduire Trublot en usant avec lui les inscriptions des tombes ; et, malgré son peu de goût pour les coquetteries sans résultat, il avait dû la ramener en fiacre, rue de Choiseul. La triste aventure de Louise emplissait la pauvre dame d’une mélancolie. Comme ils arrivaient, elle parlait encore de cette misérable, rendue par elle la veille aux Enfants-Assistés : une cruelle expérience, une désillusion dernière, qui emportait son espoir de trouver jamais une bonne vertueuse. Puis, sous la porte, elle finit par inviter Trublot à venir causer quelquefois chez elle. Mais il allégua son travail.

À ce moment, l’autre madame Campardon passa. Ils la saluèrent. M. Gourd leur apprit l’heureuse délivrance de madame Pichon. Tous furent alors de l’avis de monsieur et de madame Vuillaume : trois enfants, pour des employés, c’était une vraie folie ; et le concierge laissa même entendre que, s’il en poussait un quatrième, le propriétaire leur donnerait congé, car trop de famille dégradait un immeuble. Mais ils se turent, une dame voilée, laissant derrière elle une odeur de