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LES ROUGON-MACQUART

verveine, se glissait légèrement dans le vestibule, sans s’adresser à M. Gourd, qui affecta de ne pas la voir. Le matin, il avait tout préparé chez le monsieur distingué du troisième, pour une nuit de travail.

Du reste, il n’eut que le temps de crier aux deux autres :

— Prenez garde ! ils nous écraseraient comme des chiens.

C’était la voiture des gens du second qui sortait. Les chevaux piaffaient sous la voûte, le père et la mère, au fond du landau, souriaient à leurs enfants, deux beaux enfants blonds, dont les petites mains se disputaient un bouquet de roses.

— Quel monde ! murmura le concierge furieux. Ils ne sont même pas allés à l’enterrement, de peur d’être polis comme les autres… Ça vous éclabousse, et si l’on voulait parler pourtant !

— Quoi donc ? demanda madame Juzeur, très intéressée.

Alors, M. Gourd raconta qu’on était venu de la police, oui, de la police ! L’homme du second avait écrit un roman si sale, qu’on allait le mettre à Mazas.

— Des horreurs ! continua-t-il, d’une voix écœurée. C’est plein de cochonneries sur les gens comme il faut. Même on dit que le propriétaire est dedans ; parfaitement, monsieur Duveyrier en personne ! Quel toupet !… Ah ! ils ont bien raison de se cacher et de ne fréquenter aucun locataire ! Nous savons maintenant ce qu’ils fabriquent, avec leurs airs de rester chez eux. Et, vous voyez, ça roule carrosse, ça vend leurs ordures au poids de l’or !

Cette idée surtout exaspérait M. Gourd. Madame Juzeur ne lisait que des vers, Trublot déclarait ne pas se connaître en littérature. Pourtant, l’un et l’autre blâmaient le monsieur de salir dans ses écrits la maison