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POT-BOUILLE

rester ensemble des journées dehors, nous ne sommes pas inquiets.

Ce fut à ce moment que ces dames aperçurent Octave. Il s’avançait pour saluer Clotilde. Berthe le regarda ; puis, sans affectation, se remit à entretenir Valérie, qui avait échangé avec lui un regard affectueux d’amie désintéressée. Les autres, madame Josserand, madame Dambreville, sans se jeter à sa tête, le considérèrent avec un sympathique intérêt.

— Enfin, vous voilà ! dit Clotilde, très aimable. Je commençais à trembler pour notre chœur.

Et, comme madame Mouret grondait doucement son mari de s’être fait attendre, il présenta des excuses.

— Mais, chère amie, je n’ai pas pu… Je suis au désespoir, madame. Me voilà à votre disposition.

Cependant, ces dames surveillaient, avec inquiétude l’embrasure de la fenêtre où Auguste s’était réfugié. Elles eurent un moment de peur, quand elles le virent se retourner, au son de la voix d’Octave. Sa migraine augmentait sans doute, il avait les yeux troubles, pleins des ténèbres de la rue. Il se décida pourtant, revint se placer derrière sa sœur, en disant :

— Renvoie-les, ou c’est nous qui partons.

Clotilde, de nouveau, haussa les épaules. Alors, Auguste parut vouloir lui donner le temps de réfléchir : il attendrait encore quelques minutes, d’autant plus que Trublot emmenait Octave dans le petit salon. Ces dames n’étaient toujours pas tranquilles, car elles avaient entendu le mari murmurer à l’oreille de sa femme :

— S’il rentre ici, tu vas te lever et me suivre… Sans ça, tu peux retourner chez ta mère.

Dans le petit salon, l’accueil de ces messieurs fut également très cordial. Si Léon affecta de se montrer froid, l’oncle Bachelard et même Théophile semblèrent déclarer que la famille oubliait tout, en tendant la