Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/491

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
491
POT-BOUILLE

l’écrasement des invités ; et, vaincu, il souriait, il jetait une fois encore le manteau de la religion sur cette bourgeoisie gâtée, en maître de cérémonie qui drapait le chancre, pour retarder la décomposition finale. Il fallait bien sauver l’Église, puisque Dieu n’avait pas répondu à son cri de désespoir et de misère.

Enfin, comme tous les samedis, lorsque minuit sonna, les invités s’en allèrent peu à peu. Campardon se retira un des premiers, avec l’autre madame Campardon. Léon et madame Dambreville ne tardèrent pas à les suivre, maritalement. Depuis longtemps, le dos de Verdier avait disparu, lorsque madame Josserand emmena Hortense, en la querellant sur ce qu’elle appelait son entêtement romanesque. L’oncle Bachelard, très gris d’avoir bu du punch, retint un instant à la porte madame Juzeur, dont les conseils pleins d’expérience le rafraîchissaient. Trublot lui-même, qui avait volé du sucre pour le monter à Adèle, allait enfiler le couloir de la cuisine, lorsque la présence de Berthe et d’Auguste, dans l’antichambre, le gêna. Il feignit de chercher son chapeau.

Mais, juste à cette minute, Octave et sa femme, reconduits par Clotilde, sortaient aussi et demandaient leurs vêtements. Il y eut quelques secondes d’embarras. L’antichambre n’était pas grande, Berthe et madame Mouret se trouvèrent serrées l’une contre l’autre, pendant qu’Hippolyte bouleversait le vestiaire. Elles se sourirent. Puis, quand la porte fut ouverte, les deux hommes, Octave et Auguste, remis face à face, s’écartèrent, se firent des politesses. Enfin, Berthe consentit à passer la première, après un échange de petits saluts. Et Valérie, qui partait à son tour avec Théophile, regarda de nouveau Octave de son air affectueux d’amie désintéressée. Lui et elle auraient seuls pu tout se dire.

— Au revoir, n’est-ce pas ? répéta gracieusement