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LES ROUGON-MACQUART

Le lendemain, chez les Campardon, après le déjeuner, Octave expliquait une fois de plus qu’il venait de cogner maladroitement le volume, lorsque Marie entra. Elle conduisait Lilitte aux Tuileries, elle demanda si l’on voulait lui confier Angèle. Et, sans trouble, elle sourit à Octave, elle regarda de son air innocent le livre resté sur une chaise.

— Comment donc ! c’est moi qui vous remercie, dit madame Campardon. Angèle, va mettre un chapeau… Avec vous, je n’ai pas peur.

Marie, très modeste, dans une simple robe de laine sombre, causa de son mari qui, la veille, était rentré enrhumé, et du prix de la viande, qu’on ne pourrait plus aborder bientôt. Puis, quand elle eut emmené Angèle, tous se penchèrent aux fenêtres, pour les voir partir. Sur le trottoir, Marie poussait doucement, de ses mains gantées, la voiture de Lilitte ; pendant que, se sachant regardée, Angèle marchait près d’elle, les yeux à terre.

— Est-elle assez comme il faut ! s’écria madame Campardon. Et si douce ! et si honnête !

Alors, l’architecte frappa sur l’épaule d’Octave, en disant :

— L’éducation dans la famille, mon cher, il n’y a que ça !