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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/101

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L’AMI FRITZ.

gnets, que je voudrais savoir comment elle s’y est prise pour les faire.

— Eh ! nous n’avons qu’à l’appeler, dit le vieux fermier, elle nous expliquera cela. — Sûzel ! Sûzel ! »

Sûzel était justement en train de battre le beurre dans la cuisine, le tablier blanc à bavette serré à la taille, agrafé sur la nuque, et remontant du bas de sa petite jupe de laine bleue à son joli menton rose. Des centaines de petites taches blanches mouchetaient ses bras dodus et ses joues ; il y en avait jusque dans ses cheveux, tant elle mettait d’ardeur à son ouvrage. C’est ainsi qu’elle entra tout animée, demandant : « Quoi donc, mon père ? »

Et Fritz, la voyant fraîche et souriante, ses grands yeux bleus écarquillés d’un air naïf, et sa petite bouche entr’ouverte laissant apercevoir de jolies dents blanches, Fritz ne put s’empêcher de faire la réflexion qu’elle était appétissante comme une assiette de fraises à la crème.

« Qu’est-ce qu’il y a, mon père ? fit-elle de sa petite voix gaie ; vous m’avez appelée ?

— Oui, voici M. Kobus qui trouve tes beignets si bons, qu’il voudrait bien en connaître la recette. »

Sûzel devint toute rouge de plaisir.

« Oh ! monsieur Kobus veut rire de moi.