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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/102

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L’AMI FRITZ.

— Non, Sûzel, ces beignets sont délicieux ; comment les as-tu faits, voyons ?

— Oh ! monsieur Kobus, ça n’est pas difficile j’ai mis… mais, si vous voulez, j’écrirai cela… vous pourriez oublier.

— Comment ! elle sait écrire, père Christel ?

— Elle tient tous les comptes de la ferme depuis deux ans, dit le vieil anabaptiste.

— Diable… diable… voyez-vous cela… mais c’est une vraie ménagère… Je n’oserai plus la tutoyer tout à l’heure… Eh bien, Sûzel, c’est convenu, tu écriras la recette. »

Alors Sûzel, heureuse comme une petite reine, rentra dans la cuisine, et Kobus alluma sa pipe en attendant le café.

Les travaux du réservoir se terminèrent le lendemain de ce jour, vers cinq heures. Il avait trente mètres de long sur vingt de large, un mur solide l’entourait ; mais avant de poser les grilles commandées au Klingenthal, il fallait attendre que la maçonnerie fût bien sèche.

Les ouvriers partirent donc la pioche et la pelle sur l’épaule ; et Fritz, le même soir, pendant le soupe, déclara qu’il retournerait le lendemain à Hunebourg. Cette décision attrista tout le monde.

« Vous allez partir au plus beau moment de l’année, dit l’anabaptiste. Encore deux ou trois