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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/105

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L’AMI FRITZ.

Et comme Fritz insistait, disant :

« Prends donc cela, Sûzel, tu l’as bien gagné. »

Elle, détournant la tête, se prit à fondre en larmes.

« Qu’est-ce que cela signifie ? dit alors le père Christel ; pourquoi pleures-tu ?

— Je ne sais pas, mon père, » fit-elle en sanglotant.

Et Kobus de son côté pensa :

« Cette petite est fière, elle croit que je la traite comme une servante, cela lui fait de la peine. »

C’est pourquoi, remettant le goulden dans sa poche, il dit :

« Écoute, Sûzel, je t’achèterai moi-même quelque chose, cela vaudra mieux. Seulement, il faut que tu me donnes la main ; sans cela, je croirais que tu es fâchée contre moi. »

Alors Sûzel, sa jolie figure cachée dans son tablier, et la tête penchée en arrière sur l’épaule, lui tendit la main ; et quand Fritz l’eut serrée, elle rentra dans l’allée en courant.

« Les enfants ont de drôles d’idées, dit l’anabaptiste. Tenez, elle a cru que vous vouliez la payer des choses qu’elle a faites de bon cœur.

— Oui, dit Kobus, je suis bien fâché de l’avoir chagrinée.

— Hé ! s’écria la mère Orchel, elle est aussi trop