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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/118

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L’AMI FRITZ.

« Ne vous dérangez pas, Sourlé, dit-il, ne vous dérangez pas. »

David revint, referma la cuisine et ouvrit la porte d’un petit placard, où se trouvaient le kirschenwasser et trois petits verres ; il les apporta sur la table, heureux de pouvoir offrir quelque chose à Kobus. Celui-ci, voyant ce sentiment, s’écria que le kirsch était délicieux.

« Tu en as de meilleur, fit le vieux rebbe en goûtant.

— Non, non, David, peut-être d’aussi bon, mais pas de meilleur.

— En veux-tu encore un verre ?

— Merci, il ne faut pas abuser des bonnes choses, comme disait mon père ; je reviendrai. »

Alors, ils étaient réconciliés.

Le vieux rebbe reprit en plissant les yeux avec malice :

« Et qu’est-ce que tu as fait là-bas, schaude ? Je me suis laissé dire que tu as fait de grosses dépenses, pour creuser un réservoir à poissons. Est-ce vrai ?

— C’est vrai, David.

— Ah ! s’écria le vieux rebbe, cela ne m’étonne pas ; quand il s’agit de manger et de boire, tu ne connais plus la dépense. »

Et, hochant la tête, il dit d’un ton nasillard :

« Tu seras toujours le même ! »