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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/132

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L’AMI FRITZ.

Puis s’approchant d’une tonne, et la frappant du doigt :

« Voici le markobrunner, n’est-ce pas ?

— Oui ; et celui-là, c’est le steinberg.

— Bon, bon, nous allons lui dire deux mots. »

Alors se courbant, la tarière au creux de l’estomac, il perça la tonne de markobrunner, et poussa lestement le robinet dans l’ouverture. Après quoi Kobus lui passa une bouteille, qu’il emplit et qu’il boucha ; Fritz enduisit le bouchon de cire bleue et posa le cachet. L’opération se poursuivit de la sorte, à la grande satisfaction de Kobus et de Schweyer.

« Hé ! hé ! hé ! faisaient-ils de temps en temps, reposons-nous.

— Oui, et buvons un coup, » disait Fritz.

Alors, prenant le petit gobelet sur la bonde, ils se rafraîchissaient d’un verre de cet excellent vin, et se remettaient ensuite à l’ouvrage. Toutes les précédentes fois, Kobus, après deux ou trois verres, se mettait à chanter d’une voix terriblement forte, de vieux airs qui lui passaient par la tête, tels que le Miserere, l’Hymne de Gambrinus, ou la chanson des Trois hussards.

« Cela résonne comme dans une cathédrale, faisait-il en riant.

— Oui, disait Schweyer, vous chantez bien ;