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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/139

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L’AMI FRITZ.

mésanges ? vois-tu ce grand lièvre roux, au troisième banc de la dernière rangée ? Va voir. »

Katel sortait ; il suivait avec intérêt la marche de la discussion ; et la vieille servante revenait-elle avec les mésanges, les grives ou le lièvre, il se disait : « Nous les avons ! »

Or, un matin, il se trouvait là, tout rêveur contre son habitude, bâillant dans ses mains et regardant avec indifférence. Rien n’excitait son envie : le mouvement, les allées et les venues de tout ce monde lui paraissaient quelque chose de monotone. Parfois il se dressait, et regardant la côte des Genêts tout au loin, il se disait : « Quel beau coup de soleil là-bas, sur le Meisenthâl. »

Mille idées lui passaient par la tête : il entendait mugir le bétail, il voyait la petite Sûzel, en manches de chemise, le petit cuveau de sapin à la main, se glisser sous le hangar et entrer dans l’étable, Mopsel sur ses talons, et le vieil anabaptiste monter gravement la côte. Ces souvenirs l’attendrissaient.

« Le mur du réservoir doit être sec maintenant, pensait-il ; bientôt, il faudra poser le grillage. »

En ce moment, et comme il se perdait au milieu de ces réflexions, Katel entra :

« Monsieur, dit-elle, voici quelque chose que j’ai trouvé dans votre capote d’hiver. »

C’était un papier ; il le prit et l’ouvrit.