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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/140

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L’AMI FRITZ.

« Tiens ! tiens ! fit-il avec une sorte d’émotion, la recette des beignets ! Comment ai-je pu oublier cela depuis trois semaines ? Décidément je n’ai plus la tête à moi ! »

Et regardant la vieille servante :

« C’est une recette pour faire des beignets, mais des beignets délicieux ! s’écria-t-il comme attendri. Devine un peu, Katel, qui m’a donné cette recette ?

— La grande Frentzel du Bœuf-Rouge.

— Frentzel, allons donc ! Est-ce qu’elle est capable d’intenter quelque chose, et surtout des beignets pareils ? Non… c’est la petite Sûzel, la fille de l’anabaptiste.

— Oh ! dit Katel, cela ne m’étonne pas, cette petite est remplie de bonnes idées.

— Oui, elle est au-dessus de son âge. Tu vas me faire de ces beignets, Katel. Tu suivras la recette exactement, entends-tu, sans cela tout serait manqué.

— Soyez tranquille, monsieur, soyez tranquille, je vais vous soigner cela. »

Katel sortit, et Fritz, bourrant une pipe avec soin, se remit à la fenêtre. Alors, tout avait changé sous ses yeux ; les figurée, les mines, les discours, les cris des uns et des autres : c’était comme un coup de soleil sur la place.