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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/144

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L’AMI FRITZ.

ceci, — ce n’est pas un reproche que je veux te faire, — mais ceux de la ferme étaient meilleurs ; ils avaient quelque chose de plus fin, de plus délicat, une espèce de parfum particulier, — fit-il en levant le doigt, — je ne peux pas t’expliquer cela ; c’était moins fort, si tu veux, mais beaucoup plus agréable.

— J’ai peut-être mis trop de cannelle ?

— Non, non, c’est bien, c’est très-bien ; mais cette petite Sûzel, vois-tu, a l’inspiration des beignets, comme toi l’inspiration de la dinde farcie aux châtaignes.

— C’est bien possible, monsieur.

— C’est positif. J’aurais tort de ne pas trouver ces beignets délicieux ; mais au-dessus des meilleures choses, il y a ce que le professeur Speck appelle « l’idéal » cela veut dire quelque chose de poétique, de…

— Oui, monsieur, je comprends, fit Katel : par exemple comme les saucisses de la mère Hâfen, que personne ne pouvait réussir aussi bien qu’elle, à cause des trois clous de girofle qui manquaient.

— Non, ce n’est pas mon idée ; rien n’y manque, et malgré tout… »

Il allait en dire plus, lorsque la porte s’ouvrit et que le vieux rabbin entra :

« Hé ! c’est toi, David, s’écria-t-il ; arrive donc,