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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/145

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L’AMI FRITZ.

et tâche d’expliquer à Katel ce qu’il faut entendre par « l’idéal. »

David, à ces mots, fronça le sourcil.

« Tu veux te moquer de moi ? fit-il.

— Non, c’est très-sérieux ; dis à Katel pourquoi vous regrettiez tous les carottes et les oignons d’Égypte…

— Écoute, Kobus, s’écria le vieux rebbe, j’arrive, et voilà que tu commences tout de suite par m’attaquer sur les choses saintes ; ce n’est pas beau.

— Tu prends tout de travers, posché-isroel. Assieds-toi, et, puisque tu ne veux pas que je parle des oignons d’Égypte, qu’il n’en soit plus question. Mais si tu n’étais pas juif…

— Allons, je vois bien que tu veux me chasser.

— Mais non, je dis seulement que si tu n’étais pas juif, tu pourrais manger de ces beignets, et que tu serais forcé de reconnaître qu’ils valent mille fois mieux que la manne, qui tombait du ciel pour vous purger de la lèpre, et des autres maladies que vous aviez attrapées chez les infidèles.

— Ah ! maintenant, je m’en vais ; c’est aussi trop fort ! »

Katel sortit, et Kobus, retenant le vieux rebbe par la manche, ajouta :

« Voyons donc, que diable ! assieds-toi. J’éprouve un véritable chagrin.