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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/147

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L’AMI FRITZ.

avec toi, fit Kobus, tu ne dis rien de trop. C’est étonnant que le père Christel et la mère Orchel, qui n’ont pas quatre idées dans la tête, aient mis ce joli petit être au monde. Sais-tu qu’elle conduit déjà tout à la ferme ?

— Qu’est-ce que je disais ? s’écria David, j’en étais sûr ! Vois-tu, Kobus, quand une femme a de l’esprit, qu’elle n’est point glorieuse, qu’elle ne cherche pas à rabaisser son mari pour s’élever elle-même, tout de suite elle se rend maîtresse ; on est heureux, en quelque sorte, de lui obéir. »

En ce moment, je ne sais quelle idée passa par la tête de Fritz ; il observa le vieux rebbe du coin de l’œil et dit :

« Elle fait très-bien les beignets, mais quant au reste…

— Et moi, s’écria David, je dis qu’elle fera le bonheur du brave fermier qui l’épousera, et que ce fermier-là deviendra riche et sera très-heureux ! Depuis que j’observe les femmes, et il y a pas mal de temps, je crois m’y connaître ; je sais tout de suite ce qu’elles sont et ce qu’elles valent, ce qu’elles seront et ce qu’elles vaudront. Eh bien, cette petite Sûzel m’a plu, et je suis content d’apprendre qu’elle fasse si bien les beignets. »

Fritz était devenu rêveur. Tout à coup il demanda :