Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
L’AMI FRITZ.

— Quel chagrin ?

— De ce que tu ne puisses pas vider un verre de vin avec moi et goûter ces beignets : quelque chose d’extraordinaire ! »

David s’assit en riant à son tour.

« Tu les a inventés, n’est-ce pas ? dit-il. Tu fais toujours des inventions pareilles.

— Non, rebbe, non ; ce n’est ni moi ni Katel. Je serais fier d’avoir inventé ces beignets, mais rendons à César ce qui est à César : l’honneur en revient à la petite Sûzel… tu sais, la fille de l’anabaptiste ?

— Ah ! dit le vieux rebbe, en attachant sur Kobus son œil gris ; tiens ! tiens ! et tu les trouves si bons ?

— Délicieux, David !

— Hé ! hé ! hé ! oui… cette petite est capable de tout… même de satisfaire un gourmand de ton espèce. »

Puis, changeant de ton :

« Cette petite Sûzel m’a plu d’abord, dit-il ; elle est intelligente. Dans trois ou quatre ans, elle connaîtra la cuisine comme ta vieille Katel ; elle conduira son mari par le bout du nez ; et, si c’est un homme d’esprit, lui-même reconnaîtra que c’était le plus grand bonheur qui pût lui arriver.

— Ha ! ha ! ha !cette fois, David, je suis d’accord