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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/153

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L’AMI FRITZ.

« Ah ! le bon temps, disait-il. Bientôt après, toute la ville apprenait que le jeune conseiller Lobstein, ou M. le tabellion Muntz, était fiancé avec la petite Lotchen, la jolie Rosa, ou la grande Wilhelmine ; et c’était au milieu des neiges que l’amour avait pris naissance, sous l’œil même des parents. D’autres fois on se réunissait dans la Madame-Hüte[1], en pleine foire ; tous les rangs se confondaient : la noblesse, la bourgeoisie, le peuple. On ne s’inquiétait pas de savoir si vous étiez comte ou baron, mais bon valseur. Allez donc trouver un abandon pareil de nos jours ! Depuis qu’on fait tant de nouveaux nobles, ils ont toujours peur qu’on les confonde avec la populace. »

Hâan vantait aussi les petits concerts, la bonne musique de chambre élégante et naïve des vieux temps, à laquelle on a substitué le fracas des grandes ouvertures, et la mélodie sombre des symphonies.

Rien qu’à l’entendre, il vous semblait voir le vieux conseiller Baumgarten, en perruque poudrée à la frimas et grand habit carré, le violoncelle appuyé contre la jambe et l’archet en équerre sur les cordes, Mlle Séraphia Schmidt au clavecin,

  1. Salle de danse.