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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/158

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L’AMI FRITZ.

grilles sont arrivées, et qu’on n’attend que vous pour les mettre.

— Comment ! il t’envoie exprès pour cela ?

— Oh ! j’ai encore à dire au juif Schmoule, qu’il doit venir chercher les bœufs, s’il ne veut pas payer la nourriture.

— Ah ! les bœufs sont vendus ?

— Oui, monsieur Kobus, trois cent cinquante florins.

— C’est un bon prix. Mais entre donc, Sûzel, tu n’a pas besoin de te gêner.

— Oh ! je ne me gêne pas.

— Si, si… tu te gênes, je le vois bien, sans cela tu serais entrée tout de suite. Tiens, assieds-toi là. »

Il lui avançait une chaise, et rouvrait le clavecin d’un air de satisfaction extraordinaire :

« Et tout le monde se porte bien là-bas, le père Christel, la mère Orchel ?

— Tout le monde, monsieur Kobus, Dieu merci. Nous serions bien contents si vous pouviez venir.

— Je viendrai, Sûzel ; demain ou après, bien sûr, j’irai vous voir.

Fritz avait alors une grande envie de jouer devant Sûzel ; il la regardait en souriant et finit par lui dire :

« Je jouais tout à l’heure de vieux airs, et je