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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/174

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L’AMI FRITZ.

à Hoheim, une paire de vieux qui célébraient la cinquantaine dans un pré ; ils dansaient au milieu de tout le village ; le ménétrier, debout sur une tonne soufflait dans sa clarinette, ses grosses joues rouges gonflées jusqu’aux oreilles, le nez pourpre et les yeux à fleur de tête ; on riait, on trinquait ; le vin, la bière, le kirschenwasser coulaient sur les tables ; chacun, battait la mesure ; les deux vieux les bras en l’air, valsaient la face riante ; et les bambins, réunis autour d’eux, poussaient des cris de joie qui montaient jusqu’au ciel. À Frankenthâl, une noce montait les marches de l’église, le garçon d’honneur en tête, la poitrine couverte d’un bouquet en pyramide, le chapeau garni de rubans de mille couleurs, puis les jeunes mariés tout attendris, les vieux papas riant dans leur barbe grise, les grosses mères épanouies de satisfaction.

C’était merveilleux de voir ces choses, et cela vous donnait à penser plus qu’on ne peut dire.

Ailleurs, de jeunes garçons et de jeunes filles de quinze à seize ans cueillaient des violettes le long des haies, au bord de la route ; on voyait à leurs yeux luisants qu’ils s’aimeraient plus tard. Ailleurs, c’était un conscrit que sa fiancée accompagnait sur la route, un petit paquet sous le bras ; de loin, on les entendait qui se juraient l’un