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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/173

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L’AMI FRITZ.

celles que la vertueuse Dalila tressait pour Samson ! Oui, oui, Kobus, tu peux remercier le ciel de ta chance ; te voilà libre encore une fois comme un oiseau dans l’air ; et, par la suite des temps, jusqu’au sein de la vieillesse, tu pourras célébrer ton départ de Hunebourg, à la façon des Hébreux, qui se rappelaient toujours avec attendrissement les vases d’or et d’argent de l’Égypte ; ils abandonnèrent les choux, les raves et les oignons de leur ménage, pour sauver le tabernacle ; tu suis leur exemple, et le vieux Sichel lui-même serait émerveillé de ta rare prudence. »

Toutes ces pensées, et mille autres non moins judicieuses, passaient par la tête de Fritz ; il se croyait hors de tout péril, et respirait l’air du printemps dans une douce sécurité. Mais le Seigneur-Dieu, sans doute fatigué de sa présomption naturelle, avait résolu de lui faire vérifier la sagesse de ce proverbe : « Cache-toi, fuis, dérobe-toi sur les monts et dans la plaine, au fond des bois ou dans un puits, je te découvre et ma main est sur toi ! »

À la Steinbach, près du grand moulin, ils rencontrèrent un baptême qui se rendait à l’église Saint-Blaise : le petit poupon rose sur l’oreiller blanc, la sage-femme, fière avec son grand bonnet de dentelle, et les autres gais comme des pinsons ; —