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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/234

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L’AMI FRITZ.

dans la ruelle de l’hôpital, porta la main à son oreille et dit :

« Faites excuse ! »

Alors il rejoignit sa troupe, et Schoultz promenant un regard satisfait sur l’assistance, se rassit en disant :

« Quand on est soldat, il faut tirer le sabre ; ce n’est pas comme les bourgeois, qui s’assomment à coups de poings. »

Il avait l’air de dire : « Voilà ce que j’ai fait cent fois ! »

Et plus d’un l’admirait.

Mais d’autres, en grand nombre, gens raisonnables et pacifiques, murmuraient entre eux :

« Est-il possible que des hommes se tuent pour une cuisinière ! C’est tout à fait contre nature. Cette Grédel mériterait d’être chassée de la ville, à cause des passions funestes qu’elle excite entre les hussards. »

Fritz ne disait rien, il semblait méditatif, et ses yeux brillaient d’un éclat singulier. Mais le vieux rebbe, à son tour, s’étant mis à dire : « Voilà comment des êtres créés par Dieu se massacrent pour des choses de rien ! » Tout à coup il s’emporta d’une façon étrange.

« Qu’appelles-tu des choses de rien, David ? s’écria-t-il d’une voix retentissante. L’amour n’a-t-il