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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/233

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L’AMI FRITZ.

tournant à chaque pas, comme indignés de voir tout ce monde.

Quelques hussards, devant la brasserie des Deux-Clefs, criaient au vieux qui portait le sabre : « Rappel ! eh ! Rappel ! » C’était sans doute leur maître d’armes ; mais il ne répondit pas et ne tourna pas même la tête.

Au passage des deux derniers, Frédéric Schoultz, en sa qualité d’ancien sergent de la landwehr, s’écria du haut de sa chaise :

« Hé ! camarades… camarades ! »

Un d’eux s’arrêta.

« Qu’est-ce qui se passe donc, camarade ?

— Ça, mon ancien, c’est un coup de sabre en l’honneur de Mlle Grédel, la cuisinière du Bœuf-Rouge.

— Ah !

— Oui ! un coup de pointe en riposte et sans parade ; elle est venue trop tard.

— Et le coup a porté ?

— À deux lignes au-dessous du téton droit. »

Schoultz allongea la lèvre ; il semblait tout fier de recevoir une réponse. On écoutait, penchés autour d’eux.

« Un vilain coup, fit-il, j’ai vu ça dans la campagne de France. »

Mais le hussard, voyant ses camarades entrer