Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
L’AMI FRITZ.

l’œil, et semblait vouloir lire au fond de son âme. Quelques instants après, le père Christel s’étant écrié pour la vingtième fois :

« Mais, monsieur Kobus, il se fait tard, on m’attend ; Orchel et Sûzel doivent être inquiètes. »

Il lui répondit enfin :

« Oui, maintenant il est temps ; je vais vous reconduire à la voiture. »

C’était un prétexte qu’il prenait pour se retirer.

L’anabaptiste se leva donc, disant :

« Oh ! si vous aimez mieux rester, je trouverai bien le chemin de l’auberge tout seul.

— Non, je vous accompagne. »

Ils sortirent du banc et traversèrent la place. Le vieux David partit presque aussitôt qu’eux. Fritz, ayant mis le père Christel en route, rentra chez lui prudemment.

Ce jour-là, au moment de se coucher, Sourie, voyant le vieux rebbe murmurer des paroles confuses, cela lui parut étrange.

« Qu’as-tu donc, David, lui demanda-t-elle, je te vois parler tout bas depuis le soupe, à quoi penses-tu ?

— C’est bon, c’est bon, fit-il en se tirant la couverture sur la barbiche, je rêve à ces paroles du prophète : « J’ai été jaloux pour Héva d’une grande jalousie ! » et à celles-ci : « En ces temps arri-