Aller au contenu

Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
L’AMI FRITZ.

content de savoir cela, quoique les modes soient bien changées depuis.

— Les modes peuvent changer tant qu’on voudra, répondit Katel en approchant l’échelle de l’armoire, le bon sens ne change jamais. Nous allons d’abord vous chercher une chemise. C’est dommage qu’on ne porte plus de culotte, car vous avez la jambe bien faite, comme monsieur votre père ; et la perruque vous aurait aussi bien convenu, une belle perruque poudrée à la française ; c’était magnifique ! Mais aujourd’hui les gens comme il faut et les paysans sont tous pareils. Il faudra pourtant que les vieilles modes reviennent tôt ou tard, pour faire la différence ; on ne s’y reconnaît plus ! »

Katel était alors sur l’échelle, et choisissait une chemise avec soin. Fritz, en bas, attendait en silence. Elle redescendit enfin, portant une chemise et un mouchoir sur ses mains étendues d’un air de vénération ; et les déposant sur la table, elle dit :

« Voici d’abord le principal ; nous verrons si vos Prussiens ont des chemises et des mouchoirs pareils. Ceci, monsieur Kobus, étaient les chemises et les mouchoirs de grande cérémonie de M. le juge de paix. Regardez-moi la finesse de cette toile, et la magnificence de ce jabot à six rangées